La psychothérapie d’inspiration analytique

Par Jacques Bouché.

Le thérapeute croît à l’inconscient, à la valeur des « ratages » (paroles, gestes, comportements, phénomènes étranges entre deux individus). Le thérapeute croît au transfert, ce sentiment qui naît dans toute relation thérapeutique et sans lequel point de résolution. Transfert que bien souvent les parents facilitent par un « tu pourras lui dire tout ce que tu ne peux pas nous dire » – sous-entendu  «  nous qui sommes les deux adultes les plus importants de ta jeune vie ».

Le jeune enfant est d’abord l’objet de sensations (positives, négatives, internes, externes). Il va essayer de les maîtriser, de les ordonner, de leur donner un sens. C’est la fonction du jeu (dessin, modelage). Le jeu chez le jeune enfant, c’est du sérieux !

                L’enfant joue dans le bureau. Si le thérapeute est distrait (téléphone, notes à prendre, rêverie), l’enfant arrête son jeu ou le rend bruyant.

Le jeu a donc aussi valeur de communication en thérapie.

A l’inverse, certains enfants au domicile n’aiment pas qu’on les écoute, ferment leur porte, bien conscients qu’il s’agit de quelque chose d’intime.

L’enfant grandissant, le langage sera de plus en plus porteur de sens et le jeu deviendra ludique.

 La thérapie, c’est d’abord une rencontre, d’un jour (résolution miracle d’une énurésie persistante), d’un an, de 25 ans (au gré des aléas de la vie), voire de deux générations.

Voilà brièvement résumé l’esprit dans lequel je travaille, sachant que chaque thérapeute a sa propre approche, qu’il aura construite au gré de ses rencontres et de ses expériences. La psychanalyse tant critiquée de nos jours m’a accompagnée toute ma vie professionnelle (y compris dans le traitement de jeunes enfants dits autistes*). Les résultats que nous avons obtenus collectivement et quelques moments de pur émerveillement ne m’ont jamais incité à théoriser autrement ma pratique.

*Evaluée entre 2 et 5 cas pour 10’000 dans les années 90, la fréquence du diagnostic d’autisme serait passée à 1/150 en 2007 et bien plus aujourd’hui. Source : B. Chamak, D. Cohen, Perspective Psy, vol .46 n°3.  Cette « épidémie » soulève beaucoup de questions.